Hommage A Maeva, Cyber-harcèlement
Même si je donne beaucoup d’astuces et de conseils pour consommer autrement , et vivre autrement il y’ a aussi des sujets importants à ne pas oublier celui là me tient à cœur Maeva que je suivais depuis 6 ans est, était, et restera une belle personne qui ne méritait pas la mort.
Le papa de Maeva a mis en place un instagram spécial pour lui rendre hommage vous pouvez le retrouver sous le nom de Florian Frossard, pour envoyer de la bienveillance & du soutient , un livre d’or et peut être une cagnotte sont en cours de réflexion en la mémoire de Maeva à jamais dans nos cœurs.
Témoignage
Tout d’abord, qu’est-ce que le cyberharcèlement ?
C’est le fait d’envoyer ou de diffuser des messages, des photos détournées, des vidéos truquées, à l’encontre d’une personne, dans le but de lui nuire, de manière répétée.
Les intentions sont variables, ça peut être de la vengeance, l’expression d’une forme de colère, une façon de lutte contre l’ennui… Et tout ça se fait au moyen des outils de communication actuels.
Justement, par quels canaux s’exprime le cyberharcèlement ?
Il s’exprime sur les outils numériques : les smartphones, les tablettes, les ordinateurs, les montres connectées, etc. Tout support numérique capable de transmettre des messages, des vidéos ou des photos peut être un support pour le cyberharcèlement.
À partir du moment où vous êtes sur l’un de ces outils, vous pouvez utiliser un site internet, une appli, un réseau social… En fait, tout ce qui permet d’utiliser les outils numériques est un risque de cyberharcèlement.
Quelles formes prend ce cyberharcèlement ?
Sur un réseau social, il est très facile de harceler. Vous envoyez des messages à la personne directement, ou à votre entourage… Ça peut être sur un jeu vidéo aussi.
Quand vous êtes sur un jeu, vous êtes en ligne avec d’autres personnes, ça peut être l’occasion de diffuser des messages diffamants ou agressifs vis-à-vis d’une victime.
Sur YouTube, il suffit des commentaires… Il y a un risque d’être cyberharcelé dès lors qu’il y a une connexion avec les à peu près 5 milliards de personnes qui se connectent tous les jours en ligne.
Qu’est-ce qui va déclencher le cyberharcèlement ?
Il y a un ensemble de facteurs. Sur la plateforme d’écoute d’e-Enfance, il nous arrive de parler à des harceleurs. On se rend compte que la bascule entre un échange entre jeunes et le moment où une personne devient le harceleur dépend des choses très infimes. Le fait qu’une victime ne réponde pas à des messages peut, par exemple, faire monter la colère chez le harceleur.
Une relation amoureuse qui va mal se terminer peut aussi en être à l’origine. L’une des deux personnes peut mal vivre la séparation et considérer qu’elle peut se venger.
Elle peut utiliser des photos et des vidéos obtenues dans le cadre de la relation et s’en servir comme d’une arme en les diffusant, dans le but de nuire à l’autre personne. On appelle ça le « revenge porn ».
Comme je l’ai dit, l’ennui peut aussi déclencher le harcèlement. On a eu beaucoup de cas comme ça pendant les confinements… Enfin, il y a ceux harcèlent malgré eux, qui ne s’en rendent pas compte. Notamment lorsque les personnes sous-évaluent la violence d’un propos qu’ils tiennent envers d’autres.
En fait, on est tous potentiellement des harceleurs.
Finalement, le cyberharcèlement diffère-t-il du harcèlement qui ne se déroule pas en ligne ?
Le cyberharcèlement a un côté un peu plus lâche. On est derrière un écran, on se sent protégé, on a l’impression que la loi de la République sera absente ou indulgente sous prétexte que tout se passe sur un ordinateur… Mais non, la loi est la même sur internet.
Pousser quelqu’un à se suicider, ou faire des appels au viol ou au meurtre, c’est condamnable.
Le cyberharcèlement se propage aussi plus facilement à une masse de personnes. Son problème, c’est notamment celui de la trace laissée. Le harcèlement laisse toujours des traces, mais sur les outils numériques, il faut supprimer toutes celles qui restent sur les réseaux sociaux, les boîtes mail…
Et le cyberharcèlement, c’est 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. Quand vous êtes à l’école, les portes ferment. Vous pouvez vous dire, de la fin des cours au lendemain, que vous pourrez reprendre une vie plus tranquille. Mais sur la voie numérique, c’est en permanence. Vous avez le sentiment qu’il n’y a pas d’endroit où vous pouvez être protégé.
Le cyberharcèlement a quelque chose d’encore plus violent puisqu’il s’immisce dans nos foyers, dans les chambres d’ados. Il y a quelque chose de très intrusif, lorsque quelqu’un nous envoie directement un message. C’est un aspect qui n’existe peut-être pas dans un harcèlement plus classique.
Comment réagir face lorsqu’on est victime de cyberharcèlement ?
Il y a des réflexes incontournables. Lorsqu’on reçoit des messages qui ressemblent à un début de harcèlement, il ne faut pas répondre au harceleur. Ce dernier joue sur vos peurs, vos angoisses. S’il sent que vous êtes paniqué, il va continuer. Son objectif est de vous faire du mal. Si vous montrez que vous êtes imperméable à ses envois, c’est une première chose qui peut le dissuader de continuer.
Ensuite, il ne faut pas garder le silence. Souvent les victimes essaient de régler le problème seules, ou restent silencieuses, et c’est au contraire en allant en parler à une personne de confiance qu’on peut s’en sortir. Ça va permettre de se soulager, de trouver les bons services pour se faire aider, de trouver du soutien…
Il faut ensuite porter à la connaissance du réseau social votre harcèlement. La personne qui vous a fait du mal peut être sanctionnée, et les contenus en cause être supprimés. Ne pas hésitez à réunir des preuves en faisant des captures d’écrans. Il est souvent demandé de justifier. Il faut aussi bloquer la personne harceleuse. Elle ne pourra plus vous nuire directement.
Enfin il y a le temps de reconstruction. Dans les cas les plus graves ça peut passer par un dépôt de plainte, qui sert à reconsidérer le fait que vous êtes bien victime. Ça peut aider. Et parfois, un suivi psychologique est nécessaire.
Qu’est ce qui fait qu’un cyberharcèlement causé par un ou quelques individus se transforme en un cyberharcèlement massif ?
On parle du phénomène de groupe. C’est valable hors du numérique. Prenons l’exemple des rassemblements sportifs. Il y a parfois des violences et vous vous demandez comment autant de haine peut être répandue dans un cadre festif.
Mais dès que le groupe commence à se liguer contre quelque chose, le groupe pense à la place des individus. Le groupe les porte.
Certaines personnes, individuellement, seraient incapables de telles violences, mais au sein du groupe, ils ont des comportements qui dépassent leur capacité habituelle. Je pense que sur internet, on est sur le même fonctionnement.
Qui sont les personnes touchées par le cyberharcèlement ?
Le cyberharcèlement touche davantage les adolescents que les enfants. Après il n’y a pas de tranches d’âges particulières. Mais plus on s’expose sur les réseaux sociaux, plus il y a un risque d’être harcelé.
Ceux qui utilisent le plus les réseaux sociaux aujourd’hui, ce sont peut-être les jeunes majeurs, trentenaires et quadragénaires.
Mais disons qu’à partir de 13 ou 14 ans, on est susceptible d’attirer des foudres. Et si vous êtes une femme, vous avez malheureusement aussi plus de risques.
Existe-t-il des chiffres concernant le cyberharcèlement en France ?
Le ministère de l’Éducation nationale considère que 10 % des enfants scolarisés ont été victimes à un moment ou un autre de harcèlement. Pas seulement de cyberharcèlement. Mais aujourd’hui, on manque de chiffres. C’est un regret.
Pour gérer un problème, encore faut-il le mesurer. Il faut aussi sortir de cette idée de se dire que le harcèlement, c’est uniquement à l’école. Ce n’est plus vrai. Le cadre sportif et le cadre de loisirs sont aussi des lieux où l’on est susceptible d’être harcelé.
Les outils numériques sont utilisés de façon répandue, partout. Il faut proposer des études au-delà du cadre scolaire.
Comment mesurer l’ampleur du phénomène alors ? Constatez-vous une hausse des appels sur votre ligne d’écoute, ces dernières années ?
À l’association e-Enfance, on considère qu’on est l’observatoire des pratiques numériques des jeunes et du cyberharcèlement en France. On est le seul numéro dédié uniquement à ça, depuis 13 ans. On est souvent les premiers spectateurs des violences en ligne.
Depuis le début de la pandémie, on a constaté une hausse importante des cyberviolences et du cyberharcèlement en particulier.
En 2020, on a noté 44 % d’augmentation de notre activité, 30 % de signalements supplémentaires pour des faits de harcèlement.
Et ça n’a pas baissé depuis la fin du confinement. On approche les 15 000 appels chaque année, et je pense qu’on les dépassera en 2021.