Deliveroo Le Géant De La Livraison
1. Comment Deliveroo est passé d’une start-up à un géant de la livraison
En 2013, l’Américain d’origine taïwanaise Will Shu , tout juste sorti de l’université Wharton aux Etats-Unis, lance son projet d’entreprise de livraison en duo avec l’ingénieur informatique Greg Orlowsky. L’idée émerge alors que Will Shu travaille à Londres en tant que banquier chez Morgan Stanley. Il constate qu’il y a de nombreux restaurants dans la capitale britannique, mais peu d’entre eux livrent des repas, alors qu’il aimerait manger mieux au travail et en rentrant chez lui, sans avoir besoin de faire les courses tard le soir.
« Le seul avantage de ce travail, c’est qu’on nous donnait 25 livres sterling pour dîner tous les soirs », ironisait Will Shu en 2016 dans un entretien au média britannique « start-up », dans lequel il expliquait même avoir mis la main à la pâte en livrant lui-même des repas plusieurs heures par jour dans les débuts de Deliveroo.
La société s’établit deux premières années à Londres et commence doucement à se faire connaître, puis s’étend à Brighton et Manchester. En 2015, Deliveroo s’exporte à Paris, Dublin et Berlin. En trois ans, la start-up lève presque 500 millions de dollars. « Il faut être assez irrationnel parce qu’il y a des chances que ça ne marche pas, mais il faut y croire », conseillait Will Shu aux entrepreneurs à l’époque.
La société grandit vite et sa valorisation dépasse le milliard de dollars en 2016. La licorne étend désormais son champ d’action dans plusieurs pays européens, mais pas seulement. Aujourd’hui, Deliveroo opère avec 158.000 restaurateurs dans dix pays : Belgique, France, Hong Kong, Italie, Irlande, Qatar, Singapour, Emirats arabes unis, Koweït et Royaume-Uni. Elle vient en revanche de mettre fin à ses activités en Australie et aux Pays-Bas. La société a attiré l’appétit d’Amazon qui a investi à hauteur de 16 % au capital, et est désormais valorisée à 1,6 milliard de livres sterling.
2. Comment la société a survécu à une introduction en Bourse catastrophique
Le 31 mars 2021 restera gravé dans la mémoire des investisseurs comme l’une des plus catastrophiques entrées en Bourse de la décennie. Deliveroo avait pourtant préparé l’évènement de longue date, mais les marchés n’ont pas suivi. En une journée, la société, valorisée à 7,6 milliards de livres avant cotation, a dévissé de 26 %, avec un plus bas à -30,5 % au cours de la séance. Soit plusieurs milliards de dollars de valorisation partis en fumée.
Ce qui était comparé à l’entrée en Bourse de Glencore en 2011 a fini par devenir l’exemple d’un échec cuisant. Quelques jours auparavant, la société avait revu ses ambitions à la baisse en amputant le prix des actions. Plusieurs grands gestionnaires d’actifs avaient aussi émis des réserves sur cette IPO quelques jours avant, à l’instar d’Aberdeen Standard Life et d’Aviva Investors.
Lors de l’introduction en Bourse, Deliveroo avait choisi d’ouvrir 21,3 % de son capital à des investisseurs professionnels. Le « business model » de la société était en fait au coeur des préoccupations des marchés : malgré un chiffre d’affaires en hausse en 2020, la plateforme n’était toujours pas parvenue à dégager un bénéfice. Depuis l’IPO, les actions Deliveroo ont perdu presque 70 % de leur valeur.