Entre soldes et vêtements de seconde main, deux tendances se croisent. La seconde main séduit de plus en plus pour ses avantages écologiques et économiques. Rencontre avec Estelle Decourcelle, responsable de FRIPE Emmaüs à Reims, qui témoigne de cet engouement

Deux modes d’achat en plein essor

Acheter ses vêtements en seconde main ou profiter des soldes, voilà des solutions qui répondent à des besoins variés. Les friperies, comme FRIPE Emmaüs à Reims (Formation Réadaptation Insertion Professionnelle Emmaüs), et les plateformes de revente en ligne connaissent un succès croissant. Ces options permettent non seulement de réaliser des économies, mais aussi de réduire l’empreinte écologique de l’industrie textile.

Les soldes restent une période phare pour dénicher des articles à moindre coût, mais la seconde main séduit une clientèle de plus en plus diversifiée. Comme l’explique Estelle Decourcelle, responsable de FRIPE Emmaüs, « la seconde main est désormais complètement décomplexée. Tout le monde, de tout âge et de toute catégorie, vient chez nous. »

La seconde main, un geste solidaire

Chez FRIPE Emmaüs à Reims, chaque don a une valeur. La structure récupère environ 270 tonnes de vêtements chaque année. Les articles collectés sont triés, lavés, et parfois retravaillés dans des ateliers de couture pour être remis en vente dans la boutique ou sur leur plateforme en ligne, Label Emmaüs. Les revenus générés permettent de financer l’insertion professionnelle de 30 employés en parcours de réinsertion.

En plus d’acheter à petit prix, les clients soutiennent donc une mission solidaire. Francine, une habituée, confie : ” Je préfère amener mes vêtements propres et pliés ici. Cela permet de donner du travail à des personnes et d’éviter le gaspillage”.

Les limites du recyclage textile

Cependant, Estelle Decourcelle alerte sur les dérives liées à la surconsommation. Sous couvert de recyclage, des vêtements issus de la fast fashion, souvent de qualité médiocre, finissent par encombrer les structures comme FRIPE Emmaüs. Ces pièces, majoritairement composées de matières synthétiques comme le polyester, sont difficiles à valoriser ou à revendre.

Autre conséquence du développement des plateformes de revente en ligne : la baisse des dons qualitatifs. Les vêtements de marque ou en bon état sont désormais vendus sur ces sites, tandis que les articles invendables arrivent dans les collectes. « Depuis le confinement, on observe une vraie chute de la qualité des dons », précise Estelle Decourcelle.

Un marché en pleine mutation

La popularité de la seconde main a explosé ces dernières années. Des applications comme Vinted ont vu leur nombre d’utilisateurs s’envoler, notamment durant la pandémie. En 2023, cette plateforme a enregistré une croissance de 61% de son chiffre d’affaires. Ce succès reflète une tendance à la consommation responsable, mais pose des défis aux acteurs solidaires comme Emmaüs.

FRIPE Emmaüs reste toutefois un acteur clé pour ceux qui souhaitent consommer autrement, en favorisant un circuit court et en soutenant une économie solidaire. Avec des ateliers de création et de valorisation, la structure continue d’innover pour répondre aux attentes des consommateurs tout en assumant sa mission sociale.

Publié par Marion

Fondatrice du blog - Solutions Alternatives

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