Consommer rend-il heureux ?

Vous êtes-vous déjà posé la question de savoir si consommer rend heureux ? Moi oui, et de plus en plus. C’est une chose assez récente, et ça ne vient pas automatiquement. Mais alors absolument pas ! Devinez pourquoi ? Parce qu’on nous en empêche.
Ok, formulée comme ma phrase l’est, vous pensez que je vais bientôt vous sortir une théorie du complot en bonne et due forme. Non non.
Ce que je veux simplement dire c’est que la société nous formate rudement bien l’esprit. Il est en effet dur de prendre le recul nécessaire et de se poser enfin la bonne question : consommer rend-il heureux ?
Consomme-t-on trop ?
C’est à mon avis une des questions essentielles au 21ème siècle.
Parce que la première moitié du 20ème siècle a vu naître une génération qui a vécu dans l’opulence. Elle a eu la “chance” de vivre les trente glorieuses et d’avoir un niveau de vie qui a monté en flèche. Cette génération pouvait donc être propriétaire aisément, s’équiper, s’habiller, aller au resto, voyager, enfin tout quoi. Consommer, consommer encore et toujours.
Et on ne peut pas leur en vouloir, car déjà qui est-on pour juger ? Et puis après la guerre, cela leur a très probablement servi de repère, d’oasis, tout devait paraître si simple.
Mais au lieu de partir sur un autre système, sur une autre idée de la société, ils ont choisi (ou pas justement) celui là, celui où consommer est la norme. Acte donc qui est censé rendre heureux. Mais est-ce vraiment le cas ?
La publicité pense pour nous
Les publicités à outrance nous le font penser. On a beau être la personne la plus détachée et réfléchie qui soit, on est forcément touché par celles-ci. Cela s’incruste malgré nous dans notre cerveau.
Pour réduire l’humanité en esclavage, la publicité a choisi le profil bas, la souplesse, la persuasion. Frédéric Beigbeder
La publicité nous fait constamment miroiter des moments de bonheur, et à force de nous le répéter, on finit par y croire.
C’est d’ailleurs en partie pour cela que je n’ai pas de télévision chez moi et j’en suis très heureux. Non seulement on nous impose un programme (par ailleurs assez pourri, il faut le dire), mais en plus on “paie” à travers toutes ces pubs qui nous abrutissent.
Bien sûr la télévision n’est pas le seul moyen de diffusion de publicité, malheureusement pour moi. A travers celles-ci on nous fait gentiment croire que le produit ou service vanté va régler le moindre de nos problèmes (allant jusqu’à nous inventer des problèmes parfois : ah bah oui faut bien qu’ils vendent hein), vous rendre plus heureux et ainsi de suite.

Et on est tellement envahis, que même si vous ne me suivrez pas sur mon opinion totalement, vous devez bien l’avouer : on se passerait volontiers de la moitié des pubs auxquels nous sommes exposées.
Consommer, un plaisir simple et rapide
Du coup, consommer rend-il heureux ? J’ai un peu envie de vous faire une réponse de Normand : p’tet’ ben que oui, p’tet’ ben que non. Ou formulé de façon plus littéraire : oui et non.
Oui cela rend plus heureux. Bien sûr que je suis heureux d’aller faire du shopping dans les rues commerçantes de Vienne, Genève ou Paris (mes résidences passées) !
Evidemment que ça m’excite de m’acheter le dernier téléphone à la mode (et hors de prix). Oh que oui de façon générale j’aime flâner dans les boutiques, “au cas où” quelque chose me plairait. On sait jamais que j’ai soudainement une envie.
Il est vrai que se projeter en train de se faire plaisir, participe également au bonheur. Acheter c’est aussi récompenser le cerveau pour avoir patienté jusqu’à ce que le prochain salaire tombe. Acheter c’est un plaisir simple et rapide. Que demander de plus ?

Oui mais voilà : le problème il est justement là lorsqu’on flâne dans les boutiques et qu’on se dit “on ne sait jamais”.
Comment ça on sait jamais ? Alors je n’ai besoin de rien, mais je me dis qu’aller dépenser de l’argent sans réelle raison est une bonne idée ? Et puis n’y a-t-il pas la plus petite chance que cela finisse dans un tiroir au bout de quelques mois et ce pour y rester jusqu’au prochain déménagement ? Et combien de temps dure ce plaisir ? Est-ce un plaisir si intense ? Réfléchissez-y bien. Vous verrez qu’on vous a un peu sur-vendu le truc.
L’avantage avec la nouveauté, c’est qu’elle ne reste jamais neuve. Il y a toujours une nouvelle nouveauté pour faire vieillir la précédente. Frédéric Beigbeder
Un bonheur éphémère
En essayant d’être entièrement honnête avec vous même, vous viendrez à réaliser que le moment où vous avez finalement été le plus heureux c’est au moment de l’achat.
Puis après ce pic, la courbe du bonheur ne va faire que chuter. Elle sera encore haute lorsque vous essayerez/installerez/utiliserez votre achat pour la première fois, vous en serez fier. Puis peu à peu vous oublierez. Lentement certes, mais sûrement. Jusqu’à n’en tirer plus aucun bénéfice en particulier. Parce que ce n’est plus nouveau et que ça n’a résolu aucun problème (ah tiens ?).
Consommer ne résout rien
On adore la nouveauté, on nous donne toujours envie de renouveler nos habits, notre téléviseur, notre voiture etc (pourtant l’ancien(ne) est encore en très bon état). Et c’est là que ça pose problème.
On oublie que le véritable bonheur ne dépend pas d’un objet extérieur mais de soi. Alors bien sûr un objet peut procurer du plaisir (encore heureux). Mais sans un état d’esprit intérieur adapté, sans une véritable force intérieure capable de rendre heureux indépendamment du reste, cela n’a aucun intérêt.
Cela peut paraître radical, mais regardez bien : combien de fois avez vous fait du shopping, êtes allés au cinéma, êtes allés boire un verre, êtes partis en vacances, avez acheté un objet à la mode pour “guérir” une insatisfaction intérieure ? Et combien de fois cela a-t-il vraiment aidé ?
Je suis désolé, mais non consommer ne vous débarrassera pas de vos problèmes. Consommer ne vous rendra pas heureux. Consommer va vous fatiguer, vous appauvrir (si si, regardez votre compte bancaire après cet après-midi au centre commercial). Vous aurez échangé du temps et de l’argent contre un bonheur éphémère. Est-ce que ça en vaut la peine ?

L’abus de biens et de consommation est un fardeau qui rétrécit l’existence. L’absence d’encombrement procure de l’espace pour penser, et sans doute même pour comprendre. John Pawson
Alors, doit-on consommer ?
Au final, je ne pense pas qu’on puisse dire que consommer hors ce dont on a besoin de vivre décemment rende particulièrement heureux. Alors oui le moment de l’achat est généralement assez excitant, au début vous serez heureux de profiter de votre nouvel achat.
Mais le plus important est de savoir faire preuve du détachement nécessaire. Et ce afin de comprendre que ce n’est qu’un élément parmi d’autres (que sont le voyage, le temps passé avec les amis et la famille pour mon cas). Et réaliser que cela peut procurer du plaisir, mais que c’est souvent bien éphémère et que ça ne résoudra pas vos problèmes.
La publicité est à la consommation ce que l’érotisme est à l’amour. Le plaisir ne suit pas toujours… Philippe Bouvard
Car ce qui compte d’abord et avant tout c’est d’être et de vivre. Vivre le moment présent et ne pas s’effacer dans des “moments” de consommation dont la société (les publicités) nous renvoient une image bien trop vendeuse et exagérément avantageuse.
Vous aimez ? Épinglez !

Être avant avoir
Vous l’aurez peut-être remarqué, la société place souvent le verbe avoir avant le verbe être, tout en nous faisant passer l’avoir pour du être. Quel mensonge.
Et pourtant à l’école ou dans votre famille, on vous a appris que être est plus important qu’avoir. En votre for intérieur d’ailleurs aussi vous le savez qu’être est plus important. Mais le signal est tellement submergé par ces autres signaux qu’on a construit autour qu’on ne l’écoute plus. Il est temps de se réveiller.
Il est temps de se réveiller et mieux consommer. Moins et mieux. On s’est tellement habitué à plus consommer, on est tellement obsédés par la quantité (toujours plus, toujours la dernière nouveauté), qu’on en a oublié la qualité. Dit comme ça, cela parait évident que la qualité est plus importante. Et pourtant à en juger par nos comportements, c’est loin d’être le cas.
Il faut réaliser que sans être déjà heureux intérieurement vous n’en tirerez pas autant qu’espéré. Mais cela ne va pas sans se détacher un minimum de vos actes de consommations en ne multipliant pas les achats. Ni sans essayer un tant soit peu de vous rendre autonome vis à vis du système.
Comment consommer moins ?
Pour vous aider à moins consommer je vous conseille les bouquins suivants que j’ai a-do-rés ! :
99 Francs de Frédéric Beigbeder
Dans 99 Francs Frédéric Beigbeder nous plonge avec un talent extraordinaire dans le monde publicitaire et ses affres. Des révélations qui nous tiennent en haleine et font apprendre beaucoup pour mieux résister aux mauvaises tentations.