Moins Consommer, Pendant Un Mois
1. Empruntez des livres, des CD et des films à la bibliothèque
Bon, ma perception est peut-être un peu subjective, puisque j’ai déjà travaillé dans une bibliothèque. Je crois toutefois que les bibliothèques sont une ressource culturelle formidable ; alors pourquoi ne pas en profiter ? Dans beaucoup de municipalités, on offre maintenant la possibilité de faire sa sélection d’ouvrages en ligne et de se les faire livrer chez-soi gratuitement.
2. Surveillez les événements gratuits organisés par votre municipalité
En été, les événements gratuits pullulent : gardez l’œil ouvert et soyez attentif aux annonces de concerts gratuits, de pièces de théâtre, de conférences, de projections en plein air, etc.
3. Rentabilisez vos biens
À chaque fois que vous prend l’envie d’aller faire du shopping, regardez autour de vous et redécouvrez quelque chose que vous possédez déjà.
Au lieu de vous laisser envahir par un sentiment de privation, regardez dans vos placards et vos armoires et soyez reconnaissant de tout ce qui vous entoure. À partir de là… soyez créatif ! Transformez une vieille tasse en joli pot pour y planter les graines que vous avez retrouvées dans le placard ; utilisez des pots de confiture vides pour ranger vos pinceaux de maquillage ou pour y mettre un petit bouquet de fleurs, ou bien déchirez un vieux t-shirt et faites-en des chiffons.
4. Échangez entre amis et voisins
Vous avez un arbre fruitier qui vous offre de généreuses récoltes ? Pourquoi ne pas offrir à vos voisins la possibilité de troquer un sac plein de bons produits contre quelques-unes de leurs magnifiques fleurs ?
Vous pourriez aussi organiser un échange de vêtements entre amis. De cette façon, vous ajouterez de nouvelles pièces à votre garde-robe tout en vous débarrassant de celles dont vous ne voulez plus.
5. Fabriquez quelque chose que vous achetez habituellement
Cueillez des herbes fraîches dans votre jardin et concoctez-vous une délicieuse tisane faite maison ; faites vos propres biscuits plutôt que de les acheter tout prêts à l’épicerie, tentez de faire votre propre pain ou de faire un petit pot de confiture maison.
Vous épargnerez certes quelques sous, mais surtout, qui sait, vous vous découvrirez peut-être une nouvelle passion !
6. Triez
Le mois sans consommation est le moment idéal pour faire de l’ordre et trier ses affaires. Gagnez de la place en vous libérant des objets superflus. Si vous les vendez plutôt que de les donner, vous aurez même un peu d’argent de poche à dépenser… le mois prochain !
7. Savourez les petits plaisirs
Siroter une bonne tasse de café ou de chocolat chaud, dévorer un bon livre, écouter sa musique préférée, parler au téléphone avec un ami… voilà des petites activités qui font du bien et que l’on néglige souvent. Je crois que nous sommes tellement conditionnés au quotidien à consommer et à courir dans tous les sens que c’est devenu la norme. Ce mois vous donne l’opportunité de ralentir la cadence et de prendre le temps de savourer les petits plaisirs de la vie.
Prendre conscience de sa surconsommation
Ouvrez un tiroir au hasard et demandez-vous ce que vous utilisez parmi les babioles que vous y trouvez. Il ne devrait pas rester grand-chose. Selon Marie-Ange Alexandre, autrice de Consommez moins pour vivre mieux (éd. Eyrolles), accumuler les objets génère du stress. « C’est souvent quand vous n’avez plus du tout d’argent sur votre compte que vous avez envie d’aller faire les magasins. Dans une société qui juge la valeur des personnes en fonction de leurs possessions, c’est un manque affectif qui provoque l’envie de consommer. Et finalement, on culpabilise parce qu’on a encore craqué. Cela entraîne une baisse d’estime de soi.
Il faut donc faire un travail sur le fait que la consommation ne remplit pas de fonction nourricière », argumente la neuropsychologue. Hélène Cloitre, 25 ans, était une consommatrice compulsive, après avoir décroché un job bien payé dans la grande distribution. Mais son travail de commerciale fut aussi l’occasion d’une prise de conscience : « J’ai vu des aberrations ! On baisse les prix tous les ans, à moins d’apporter une innovation que personne n’a demandée.
On met des promotions à 70 % pour que les gens achetent trois shampoings plutôt qu’un et en utilisent toujours plus, se remémore la jeune femme. Ça m’a dégoûtée de ce système dans lequel on est tous enfermés. Depuis, j’essaie de savoir ce que je consomme, pourquoi et d’où ça vient. »
Trouver des alternatives à l’achat
Pendant cinq ans, de 2010 à 2015, Benjamin Lesage et deux de ses amis ont vécu sans argent lors d’un périple en autostop et en bateau, des Pays-Bas jusqu’au Mexique, puis un peu partout en France. « C’était un pari écologique, on voulait montrer qu’on pouvait voyager en ayant l’empreinte écologique la plus basse possible », explique le baroudeur. Il raconte son expérience dans Sans un sou en poche (éd. Arthaud).
Ces années de vadrouille l’ont amené à cofonder l’écohameau Eotopia, en Saône-et-Loire, où il vit avec sa compagne, sa fille de 4 ans ainsi que cinq autres personnes. Ils pratiquent la gratuité, en récupérant les invendus des supermarchés, en reprenant des matériaux auprès de magasins de bricolage ou de déchetteries ou en réparant les objets cassés de proches qui souhaitent s’en débarrasser.
Ils mettent en commun les biens qui peuvent l’être, comme leur voiture, la cuisine, la machine à laver, et les outils. Ils troquent des services : « Tous les ans, on donne un petit coup de main à un maraîcher bio du coin et en échange il nous donne les plants qu’il n’a pas vendus. » Leur terrain leur permet enfin de cultiver fruits et légumes.
Se libérer de la technologie
Contrairement à ce que l’on pourrait croire, tout mettre dans le cloud n’est pas la solution miracle pour se débarrasser du superflu. Pour beaucoup, le minimalisme s’applique aussi au numérique. Et pour cause : les flux de données sont à l’origine de 4 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, selon un rapport du Shift Project publié en 2018. Et leur impact risque de doubler d’ici 2025. La pollution est aussi mentale. Le modèle économique des géants du numérique, en particulier Google et Facebook, consiste à capter notre attention et nos données pour nous vendre de la publicité toujours plus personnalisée.
Le Parisien Antoine Mestrallet, 26 ans, fait partie de ceux qui régulent leur utilisation des nouvelles technologies, sans pour autant être passé au Nokia 3310. Il a cocréé l’application Dérive, une boussole qui laisse l’utilisateur choisir son chemin pour aller d’un point A à un point B, à contre-courant de Google Maps dont les itinéraires nous poussent à toujours accélérer. Ses autres astuces : ne pas laisser les applications les plus chronophages (Instagram, Facebook, Twitter…) sur l’écran d’accueil de son téléphone, désactiver les notifications et avoir un réveil pour ne pas garder son téléphone dans sa chambre, la nuit. « Il y a une notion de contrôle : c’est-à-dire que j’essaie de minimiser le temps que je passe sur les écrans passivement et de ne jamais être en mode autopilote. »
Travailler moins pour travailler mieux
Logiquement, lorsque l’on consomme moins, on a plus de temps pour faire autre chose que gagner sa vie. Quand elle s’est convertie au minimalisme, Hélène a fait une croix sur une offre de CDI payé 3 000 euros par mois, une voiture de fonction, une super mutuelle, 17 euros de tickets-restaurants par jour et un plan de carrière tout tracé.
« Je me suis rendue compte que mon métier n’avait aucun sens. Je m’épuisais du matin au soir pour que mes produits prennent plus de place dans les rayons que ceux de mon concurrent. »
Alors, en 2019, elle laisse tomber son bullshit job, terme inventé par l’anthropologue américain https://www.solutionsalternatives.org/rencontre-femme-divorc-e-dakar/, disparu en septembre dernier, qui désigne ces emplois inutiles et parfois destructeurs (vous savez, ce pote dont la carte de visite indique production integrative transverse manager qui palpe 6 000 par mois pour transférer des mails). En un an, elle a passé quelques mois dans une start-up écoresponsable, avec un salaire beaucoup plus bas, puis a créé son entreprise : une conserverie antigaspillage basée au Mans, sa ville natale.
Elle cherche désormais un nouveau projet. « Je suis passée de la vie de princesse à celle de chômeuse. Maintenant je fais des rencontres intéressantes et je sais que je veux travailler de manière intelligente », dit-elle sans une once de regret.