Sorties De L’aide Sociale A L’enfance, Mieux Accompagner Les Jeunes
Que faire pour améliorer l’accompagnement vers l’autonomie des jeunes issus de l’ASE ? Une étude de l’Uriopss Pays-de-la-Loire dresse des constats et préconisations et déplore les inégalités territoriales de prise en charge.
L’étude « Sécuriser les parcours des jeunes en protection de l’enfance », réalisée par l’Uriopss des Pays-de-la-Loire à la demande de la Direction régionale de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités (Dreets), et présentée le 8 mars, porte sur les jeunes de plus de 18 ans accompagnés en protection de l’enfance.
Elle observe que les obstacles à leur sortie d’institution sont renforcés par « la non systématisation des contrats jeune majeur, l’absence de mise en œuvre généralisée de l’entretien de préparation à l’autonomie prévu par la loi, ou encore, les conditions restrictives d’accès au RSA avant 25 ans ».
Pour accompagner la transition vers l’âge adulte, l’Uriopss préconise de « co-construire avec le jeune un projet d’autonomie », et de « préparer les changements ».
Par exemple, réaliser une demande de logement social bien en amont, ouvrir un coffre-fort numérique, un compte bancaire, et remettre au jeune un guide d’information tel le « passeport vers l’autonomie » créé par la Mecs l’Oasis à Nantes.
La multiplicité des lieux d’accueil étant difficile à vivre, l’étude cite l’initiative de l’association Tréamac intitulée Bagaj, proposant la création de mobilier modulable, personnalisable et transportable par le jeune.
Accompagnement global et logement
L’Uriopss plaide pour un accompagnement « multidimensionnel : matériel, éducatif, affectif », qui aide le jeune à se créer un réseau de socialisation.
L’étude mentionne par exemple l’association d’entraide Repairs 44, et l’association de parrainage Parrains Par Mille. L’offre d’accompagnement doit s’adapter aux besoins de ce public spécifique. L’association Les 2 rives en Mayenne, citée dans l’étude, a par exemple créé un dispositif associant hébergement et accompagnement. Le CHRS Tarmac72 dans la Sarthe, également cité, a créé des places dédiées à ce public sortant de l’ASE.
Sur l’accès au logement, l’étude suggère de recenser systématiquement le nombre de jeunes sortant de l’ASE ayant besoin d’un logement, afin de leur réserver des places en variant les solutions. Le dispositif Familles gouvernantes de l’Udaf 44 propose par exemple une colocation accompagnée.
Pour les jeunes en risque de rupture, une expérimentation est menée à Saint-Nazaire sur le principe du Logement d’abord.
Mobilisant plusieurs associations, l’accompagnement proposé est global avec l’intervention d’infirmiers, de travailleurs sociaux, et de conseillers en insertion.
Pour un accompagnement cohérent, l’étude préconise des partenariats étroits entre la protection de l’enfance et les acteurs locaux de l’insertion et du logement. C’est ainsi que fonctionne La Touline, dispositif d’Apprentis d’Auteuil né en Loire-Atlantique, qui rencontre le jeune en amont de sa sortie et lui propose un accompagnement individuel sans limite de durée.
Pour traiter les situations complexes, un Groupement de coopération social et médico-social (GCMSM) peut être une solution.
Inégalités territoriales
La réalisation de cette étude a confirmé les inégalités entre départements : « On le voit avec les contrats jeunes majeurs dont la durée varie, la limite d’âge aussi, cela n’offre pas les mêmes chances aux jeunes. On ne défend pas l’uniformisation, mais au moins un égal accès aux droits », indiquait Peggy Jehanno, directrice Uriopss Pays de la Loire, à l’issue de la présentation.
« Les différences de prise en charge peuvent être liées à des réalités socio-démographiques, politiques et budgétaires différentes, répondait Anne Oui, chargée de mission à l’ONPE. Toutefois notre dernière étude montre que les écarts se sont creusés depuis dix ans entre départements, sans que l’on puisse vraiment l’expliquer. »