Underconsumption Core
Un ras-le-bol du consumérisme
À l’heure où tout est devenu “objet de consommation, aussi bien le discours politique… que le skin care (soins du visage)“, cette tendance signale “un ras-le-bol du consumérisme de contenus”, estime-t-elle.
“Quand on essaye constamment de vous vendre quelque chose et que les prix ne font qu’augmenter, vous finissez par faire un burn-out financier”, indique à l’AFP Kara Perez, influenceuse américaine spécialisée dans les questions financières et écoresponsables.
“J’utilise des éléments de la nature pour décorer mon appartement, la majorité de mes vêtements sont de seconde main… Je réutilise mes contenus de sauce pour stocker de la nourriture, c’est gratuit et très pratique”, explique par exemple une internaute dans une vidéo publiée en juillet sur Instagram.
L’une après l’autre, des vidéos mettent en avant un vieux meuble hérité de grands-parents, des vêtements rapiécés, une gourde isotherme cabossée ou des produits d’hygiène faits maison.
La consommation responsable contre la consommation compulsive
Pour Eprinchard, cette tendance vient d’une fatigue face “aux routines irréalistes ou aux hauls indécents”.
Cette lassitude est particulièrement marquée aux États-Unis, où les jeunes adultes souffrent de la flambée des prix depuis la pandémie de Covid-19. Le consommateur se sent “aliéné” dans un contexte géopolitique et économique instable, explique Tariro Makoni, spécialisée dans l’analyse des mouvements de consommation et de société.
Sur Google, les recherches associées à la “sous-consommation” ont presque doublé cet été aux États-Unis, parallèlement à celles associées à la “surproduction” et la “Grande Dépression”.
Selon les expertes avec lesquelles l’AFP s’est entretenue, les jeunes générations sont en train de réaliser qu’elles ne peuvent maintenir le rythme face à l’abondance de produits plébiscités sur les réseaux.
Dans une quête d’identité, beaucoup de jeunes consomment de manière “compulsive” une mode jetable et remplaçable, explique à l’AFP la créatrice de contenu britannique Andrea Cheong, auteure d’un livre sur la mode durable.
Le recyclage et le raccommodage réhabilités
Les expertes interrogées notent un appétit grandissant pour l’authenticité de contenu, s’éloignant de la culture classique des influenceurs qui poussent à l’hyperconsommation.
Recycler et conserver “est devenu cool” estime Makoni. “Un mouvement similaire s’était créé après le krash financier de 2008”, note-t-elle.
De plus en plus de jeunes ont développé une conscience écologique mais le principal moteur derrière cette tendance reste le pouvoir d’achat, assure Andrea Cheong, qui y voit quand même un changement positif pour la planète.
Si la mode éthique et durable est par exemple un sujet “extrêmement complexe” et difficile à résumer dans des vidéos d’une minute sur Instagram, juge-t-elle, l’“underconsumption core”, en faisant passer le message simple de “moins consommer”, permet de populariser une approche durable, écoresponsable et accessible à tous.