Investir Pour Se Protéger, De L’Inflation
L’or
L’or est le grand gagnant pour contrer le risque inflationniste, souligne Andrea Tuéni, responsable de la relation client chez Saxo Banque et expert des marchés boursiers. “Beaucoup d’investisseurs se tournent vers le métal jaune. Le fonds de pension de la police et des pompiers de l’Etat de l’Ohio, qui a sous gestion près de 16 milliards de dollars, a décidé d’allouer 5% de ses actifs sur l’or.
C’est bien la preuve qu’il est très recherché et cela devrait se généraliser chez les investisseurs dans une logique de diversification et de couverture”, juge l’expert. “A l’instar des autres actifs réels, l’or représente la couverture naturelle contre le risque inflationniste”, renchérit Hubert Lemoine, CIO de Schelcher Prince Gestion. Depuis la crise de 2008, les grandes banques centrales dans le monde développé ou émergent ont augmenté leurs stocks en or ou a minima ces derniers ont été maintenus stables.
Néanmoins, “dans un monde de croissance molle avec une inflation qui progresse, i.e. dans un scénario de stagflation, la corrélation fondamentale entre l’évolution de l’inflation et le cours de l’or peut connaître une certaine instabilité dans un marché où la volatilité tend à évoluer par paliers (fortes variations puis trajectoire dans un couloir plus restreint).
Si le sentiment de marché s’oriente vers une augmentation du risque, le cours de l’or aura tendance à baisser indépendamment des chiffres d’inflation ou du moins la corrélation usuelle sera moins marquée”, met toutefois en garde l’expert.
Actions
Les actions constituent aussi un placement à ne pas négliger en cas d’inflation. “En cas de hausse des prix, les entreprises pourraient voir leurs bénéfices augmenter. Par ailleurs, la conjoncture actuelle d’afflux de liquidités à l’origine de ce risque inflationniste profite au marché actions.
Certes, l’investissement paraît plus risqué car l’horizon n’est pas encore éclairci mais les actions constituent malgré tout une alternative à prendre en compte”, juge Andrea Tuéni. “Les quantitative easing (rachats d’actifs massifs) des banques centrales ainsi que l’effort budgétaire colossal des Etats dans le monde développé incarnent le déclencheur potentiel d’un spectre reflationniste.
Une exposition à la thématique d’injection massive de liquidités constitue ainsi un moyen de profiter d’une inflation potentielle.
Obligations d’entreprises
Sur le même registre que les actions, le gisement des obligations high yield (à haut rendement) “n’est pas à écarter, particulièrement sur les secteurs cycliques.
De plus, les programmes de rachats des banques centrales poussent les investisseurs habituellement investment grade (les investisseurs positionnés sur les obligations d’entreprises bien notées, NDLR) à puiser du portage dans le segment high yield”, relève Hubert Lemoine.
Obligations convertibles
Dans le sillage de la thématique actions / obligations d’entreprises, les obligations convertibles (en actions) constituent un support particulièrement intéressant.
En effet, “des obligations convertibles de secteurs cycliques embarquent simultanément le potentiel des actions et le resserrement du spread (réduction de l’écart de taux d’intérêt, NDLR) de crédit”, explique Hubert Lemoine. Un investisseur souhaitant bénéficier des deux marchés simultanément en réduisant son risque de baisse lié au marché actions pourra ainsi s’orienter vers ce type de véhicules.
Obligations indexées sur l’inflation
Le placement le plus naturel pour se protéger contre une reflation potentielle correspond aux obligations indexées sur l’inflation, “émises notamment par l’Italie et la France.
Devises sous-monétisées et cryptomonnaies
Compte-tenu de la monétisation très importante aux Etats-Unis et en cours en Europe, “la monnaie fiduciaire est le recours ultime de placement en ‘coffre-fort’. Les cryptomonnaies constituent une devise présentant une masse monétaire ne pouvant subir une surmonétisation et sont ainsi un actif de couverture contre l’érosion monétaire des devises fortes (euro, dollar,…, NDLR).
Matières premières
Une reflation est étroitement liée à une reprise de la consommation de matières premières pour assurer une remise en route normale des appareils productifs. “La réouverture des économies et une normalisation du commerce mondial, certes moins véloce que durant la période pré-covid-19, devrait pousser les cours des matières premières à la hausse.
Devises de pays émergents
Une autre manière de s’exposer aux matières premières réside dans les devises de pays émergents qui en exportent. “Une appréciation des prix des matières premières constitue une bonne nouvelle sur le plan de la balance commerciale et donc de l’évolution de leurs devises respectives.
Immobilier et SCPI
Concernant l’immobilier ou les SCPI, historiquement, les prix immobiliers “sont plutôt corrélés à l’inflation donc le placement peut paraître judicieux”, relève Andrea Tuéni. Reste qu’un retournement du marché de l’immobilier est possible, ce qui incite à la prudence, selon l’expert.