Pièces d'euros
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Alternatives Au Fond En Euros

Le chaud et froid des fonds en euros atypiques

La quasi-totalité des fonds en euros du marché baignent dans la même soupe financière, avec une part d’obligations prépondérante dans les portefeuilles (85 % en moyenne). Il existe toutefois quelques exceptions, les fonds en euros dits atypiques (ou alternatifs) dans lesquels la part obligataire est volontairement réduite au profit d’actifs boursiers ou immobiliers.

Cette diversification n’a qu’un but, aller chercher davantage de performance. « Ils sont l’avenir des fonds en euros, analyse Latifa Kamal, directrice générale adjointe de la société de gestion patrimoniale Primonial. Il faut apporter d’autres sous-jacents pour gérer les fonds en euros, car il est désormais nécessaire de remplacer le moteur des emprunts d’Etat.

Aujourd’hui, la vraie nouveauté est d’axer la gestion de ces fonds en euros alternatifs sur des thématiques, comme les infrastructures pour notre dernier-né, Sécurité Infra Euro. » Celui-ci connaît des débuts prometteurs, avec 2,10 % affichés en 2020.

Dans le détail, on distingue deux types de fonds en euros alternatifs. D’un côté, certains sont investis principalement en immeubles de bureaux ou de centres commerciaux, comme Sécurité Pierre Euro de Primonial (2,50 % net en 2020). De l’autre, on trouve des fonds en euros dits dynamiques, davantage exposés aux ­actions et autres produits financiers risqués.

Avec cette stratégie, l’assureur vise à servir aux épargnants – en moyenne et sur la durée – une meilleure rentabilité qu’avec un fonds en euros classique. Ces derniers savent qu’en contrepartie, il n’y aura pas de régularité des rendements. En témoignent les résultats très volatils d’Euro Target +, toujours chez Primonial (0 % en 2020 après 3,15 % en 2019). Quid de l’offre maintenant ?

Soyons clairs, elle est pauvre et, surtout, tend à se raréfier. Certains fonds alternatifs ont récemment fermé leurs portes comme Sécurité Pierre Euro, pourtant excellent sur la durée, ou Euro Allocation Long Terme (2 % en 2020) de Spirica. Idem chez Generali, qui ouvre et ferme l’accès à ses fonds en euros dynamiques selon le contexte de marché.

Autre hic, les conditions d’accès à ces fonds sont sévères, avec 30 à 50 % de versement sur des unités de compte (UC) en parallèle. Exemple : vous voulez investir 1 000 euros dans Suravenir Opportunités (2 % en 2020), il vous faut aussi placer 500 euros sur des UC. Etes-vous prêt à cette prise de risque ?

En fait, nombre d’assureurs changent déjà de braquet avec le lancement de fonds en euros à garantie partielle. C’est ce qu’a fait Spirica (filiale du Crédit Agricole) à l’automne dernier, avec une garantie en capital à hauteur de 98 %, qui lui permet de diversifier sa gestion vers des actifs immobilier, actions, économie réelle, etc., à un niveau de 30 %, contre 15 % pour son fonds en euros classique.

Objectif affiché : tenir 1 % de rendement les prochaines années. Rien d’alléchant, donc. Les résultats d’Apicil, qui avait lancé un fonds garanti à 96 % il y a quelques années, ne font pas d’étincelles non plus avec 1,40 % en 2020 après 1,70 % en 2019.

Dans les coulisses, les assureurs sont nombreux à réfléchir à ce type de fonds en euros pour l’avenir. A suivre, donc. En attendant, la niche des fonds en euros atypiques vaut d’être étudiée par les épargnants qui ont d’emblée l’intention d’investir dans des UC en parallèle.

Reste à chasser certaines opportunités, avec prudence. Pas chez votre banquier, qui pour l’heure est absent sur ce terrain. Mais plutôt 
en vous tournant vers les contrats du Net ou en vous rendant chez un conseiller en gestion de patrimoine indépendant.

L’euro-croissance, une solution en plein renouvellement

L’idée des fonds euro-croissance était simple. En échange d’une garantie en capital différée, on vous promettait plus de performance que pour les fonds en euros classiques. Mais cette mayonnaise n’a guère pris chez les épargnants. Offre trop complexe, chère, insuffisante… Loi Pacte oblige, tout change !

Depuis octobre dernier, les quelques fonds euro-croissance du marché ont fermé boutique, même s’il est toujours possible aux épargnants déjà investis d’y effectuer des versements (sauf chez Generali). Cap sur les nouvelles offres. Pour l’heure, seules deux compagnies, Generali et Spirica, proposent un fonds « croissance », dans lequel la garantie est de 80 % seulement au terme (huit ans chez Spirica, huit à trente ans au choix chez Generali). 

« C’est une solution de diversification, à la croisée des fonds en euros et des supports en unités de compte, qui a toute sa place en assurance vie dans l’environnement actuel de taux durablement bas et de ­relance de l’économie », analyse Anne-Emmanuelle Corteel, directrice des solutions d’assurance du marché de l’épargne chez Generali France.

Détaillons. Quid des performances possibles ? Chez Spirica, on indique que la composition du portefeuille, assez équilibrée (pierre papier, sociétés non cotées, ­actions, obligations), laisse augurer 3 à 5 % de rentabilité nette annuelle. Un regard sur les résultats passés de ­l’euro-croissance valide ce pronostic, mais avec des performances volatiles (voir tableau ci-dessous). BNP Paribas annonce 3,35 % de performance annuelle nette depuis 2010 pour son fonds à garantie 100 %.

Du côté de Generali, la performance moyenne ressort à 5,08 % par an sur la période 2014-2020. Attention, chaque épargnant aura perçu un rendement variable selon la date de ses versements et l’horizon de la garantie. « Les fonds croissance, comme notre fonds G Croissance 2020, afficheront une performance identique pour tous les assurés qui ont investi à la même date, précise Anne-Emmanuelle Corteel. La valorisation sera hebdomadaire. Ils sont donc plus simples à comprendre que les anciennes formules, et ce produit va aussi permettre au gestionnaire du fonds, donc à l’épargnant d’investir dans l’économie réelle et durable. »

Restera à juger sur pièces les offres futures, frais compris. En tout état de cause, avec ce type de fonds, soyez malin. Sachez qu’ils n’ont pas d’effet cliquet comme pour le fonds en euros classique. Ce qui est gagné une année n’est pas acquis. C’est pourquoi, si le fonds affiche de très bonnes performances, vous pourrez effectuer un retrait ou un arbitrage pour dégager une belle plus-value, plutôt que d’attendre le terme.

Euro-croissance : des performances variables selon les assureurs

ContratDistributeur (assureur)2020201920182017
BNP Paribas Avenir Retraite (1)BNP Paribas (Cardif Assurance Vie)+0,27%+9,39%-4,82%+3,69%
ClerAgipi (Axa France Vie)+3,10%+3,50%+2,85%+3,80%
Contrat multisupport Afer (1)Afer (Aviva Vie)+2,42%+13,33%-1,66%+2,82%
ExceliumAxa+2,60%+3,00%+2,40%+3,25%
HimaliaGenerali+3,72%+14,08%+0,01%+4,52%

Les performances indiquées sont celles du fonds euro-croissance nettes de frais de gestion. Chaque assuré perçoit une performance en fonction des dates de versement et de l’horizon de sa garantie. (1) L’offre est en cours de changement. Le fonds euro-croissance n’est plus accessible aux nouveaux épargnants.

Les fonds patrimoniaux pour une diversification mesurée

Pour diversifier son épargne dans une assurance vie avec un risque modéré, les professionnels orientent généralement sur deux pistes. Chez certains, la carte des produits dits structurés est omniprésente. En gros, il va s’agir de tirer profit d’un panier d’actions, tout en évitant les baisses. Attention, c’est hasardeux et l’épargne peut être bloquée. L’autre piste, moins brumeuse, est celle des fonds dits patrimoniaux, une sorte de placement de « bon père de famille ».

Ces unités de compte visent à vous apporter sur la durée une performance acceptable, de l’ordre de 3 à 5 % par an… tout en évitant les pertes sous deux ou trois ans. En gros, le gestionnaire va profiter des phases de hausse des marchés financiers (actions, obligataires) et essayer de protéger votre capital quand ça tourne mal.

Les fonds patrimoniaux sont présents dans la plupart des assurances vie, c’est en effet une manière assez simple de diversifier prudemment son capital, en complément du fonds en euros par exemple. Reste deux questions clés : comment reconnaître un fonds patrimonial ? Et ­lequel choisir ? On en compte plus de 300, donc essayons de faire simple.

Un « vrai » fonds patrimonial ne se réfère pas à un indice boursier, le gérant ayant une large capacité à réagir, à diversifier ses choix. C’est pourquoi on parle aussi de « fonds diversifiés flexibles ». Pour s’y aventurer, ayez au moins cinq années devant vous, voire huit.

Si les historiques de performance sont décisifs pour faire votre choix, les encours gérés doivent également être importants et la volatilité du fonds contenue. Pour une alternative au fonds en euros, partez plutôt sur des fonds patrimoniaux « prudents », dont la volatilité est au maximum de 4 ou 5 %.

Sachez aussi qu’un fonds excellent sur plusieurs années peut soudain s’écrouler suite à de mauvais choix dans un contexte compliqué, comme celui de l’an dernier. Les frais sont à regarder de près, ceux du fonds mais aussi ceux de l’assurance vie dans laquelle vous investissez.

Cap sur les gestions pilotées vraiment efficaces

Des fonds patrimoniaux à la gestion pilotée, il n’y a qu’un pas que les assureurs ont franchi depuis deux à trois ans. Le principe ? Vous définissez votre profil et des pros choisissent les bons fonds à votre place. En pratique, recourir à la gestion pilotée dans une assurance vie revient à signer un mandat d’arbitrage (selon le terme juridique) avec l’assureur ou une société de gestion pour lui permettre de piloter librement, dans le respect de votre profil, votre capital ou une partie de celui-ci. 

« C’est vraiment une solution intelligente pour diversifier son capital, de manière simple et efficace », clament les assureurs. C’est aussi la nouvelle mode de l’assurance vie. Tous les contrats ou presque proposent aujourd’hui une offre de gestion pilotée, avec différents profils à la clé, du « prudent » au « dynamique ».

Cette alternative est intéressante à deux titres. Un, elle simplifie vraiment la vie de l’épargnant. Deux, les performances affichées sont plutôt favorables sur la durée. En 2020, la plupart des profils prudents ont affiché de 2 à 4 % de performance, le double quand l’année boursière est bonne (2019). Attention, le capital investi n’est pas garanti contre une baisse éventuelle, même sur un profil prudent.

Autrefois réservée aux épargnants huppés, la gestion pilotée s’ouvre au grand public. On y accède avec quelques centaines d’euros. Reste, comme toujours, la question du choix. On trouve quelques solutions intéressantes, simples et peu onéreuses chez les mutuelles comme la France Mutualiste, la Macif, la Maif ou la MIF. A regret, les offres bancaires sont souvent truffées de fonds « maison ».

C’est donc chez les conseillers patrimoniaux indépendants, mais plus encore sur le Net, qu’on fera son marché à frais mesurés (comptez souvent 0,20 % de frais de gestion annuels en plus tout de même). Là se posera une alternative intéressante entre les gestions pilotées classiques et celles reposant sur des fonds indiciels, beaucoup moins onéreuses tous frais compris, comme chez Nalo ou Yomoni.

Les charmes avérés de la pierre papier

L’un des avantages de l’assurance vie est de permettre la constitution d’un portefeuille d’investissements variés. Même les férus d’immobilier peuvent y trouver leur compte, avec la possibilité de miser sur des SCPI (sociétés civiles de placement immobilier), des SCI (sociétés civiles immobilières), et des OPCI (Organismes de placement collectif immobilier).

Autant d’acronymes qui désignent de la pierre papier. Nouvelle marotte des épargnants, les SCPI en sont le fer de lance. Rappelons le mécanisme : au lieu de réaliser une acquisition immobilière en direct, vous souscrivez des parts auprès d’une société qui assume la fonction de gestion immobilière et les contraintes qui s’y rattachent. Les biens sont souvent de l’immobilier de bureau et des murs de commerces.

Vous avez deux bonnes raisons de vous y intéresser en lieu et place (ou en complément) du fonds en euros. Premier argument, ce placement affiche depuis plusieurs années une rentabilité remarquable. Pour 2020, selon l’observatoire Linxea des SCPI, le rendement moyen s’établira autour de 4,12 % (contre 4,40 % en 2019), malgré la crise sanitaire.

Soit un peu plus de 3 % net après prise en compte des frais de gestion de l’assurance vie. A noter que ces performances sont assez linéaires avec un risque de perte sur un an très limité.

Seconde raison, en utilisant l’assurance vie, votre SCPI vous délivre des revenus à l’abri du fisc, réinvestis dans le contrat en parts de SCPI ou sur le fonds en euros. Et l’assureur garantit la liquidité du produit en cas de rachat, ce qui n’est pas aussi simple avec des parts de SCPI en direct.

Mais pourquoi se limiter aux SCPI ? Jetez aussi un coup d’œil aux SCI, composées de SCPI, d’OPCI, d’immeubles, etc., et dont les frais sont moins élevés que ceux des SCPI. Les rendements ont bien résisté en 2020, avec des taux servis entre 2 et 3 % le plus souvent.

Mais quelques SCI détonnent sur la durée, comme la SCI Viagénérations (essentiellement diffusée via les conseillers en gestion de patrimoine indépendants, ou CGPI) et ses 6,81 % en 2020 après 6,73 % en 2019 (hors frais de l’assurance vie).

Pour les OPCI enfin, montrez-vous prudent, les performances étant volatiles. Côté pratique, pas de doute, c’est sur le Net ou via des CGPI qu’on peut investir avec un vrai choix dans la pierre papier au sein d’une assurance vie

Marion

Fondatrice du blog - Solutions Alternatives

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