Attention A La Cheapflation
La cheapflation (ou la baisse de la qualité des aliments) correspond à un phénomène qui consiste à remplacer certains produits ou aliments par des substituts (alimentaires ou non) moins chers.
Le but étant évidemment de maintenir des marges ou de vendre plus de produits. Les exemples pullulent sur internet. Le site Reddit s’en fait notamment l’écho.
L’exemple le plus évident de la cheapflation est la crème glacée qui n’est plus appelée crème glacée, mais « dessert glacé », parce qu’on lui a retiré tellement de produits laitiers pour les remplacer par des produits de remplissage qu’elle ne peut plus être légalement appelée crème glacée. Un terme similaire, mais moins connu est « chocolaté ».
Si vous voyez un produit qui était étiqueté « chocolat » et qui est maintenant étiqueté « chocolaté » ou « aromatisé au chocolat », cela signifie qu’il ne répond plus aux exigences de l’agence fédérale des produits alimentaires (la FDA aux États-Unis par exemple) en matière de teneur en chocolat pour pouvoir être appelé chocolat. Le chocolat a probablement été remplacé par de l’huile de palme et des arômes artificiels ou une autre concoction similaire.
Les œufs au chocolat Cadbury sont aussi souvent cités comme un exemple de shrinkflation, mais leur qualité est également bien inférieure à ce qu’elle était auparavant. Le chocolat est plus cireux et le fourrage ressemble à une pâte granuleuse grossière, alors qu’il était lisse et gluant auparavant. Se pose alors la question de savoir par quoi est remplacée la matière première (le lait, la crème, le jambon …). De nombreux éléments rentrent en considération.
Pour le fromage râpé par exemple, en particulier les fromages à pâte dure comme le parmesan – sont complétés, parfois fortement, par une fibre végétale souvent dérivée du bois (le plus souvent appelée « cellulose » dans l’industrie alimentaire).
La cellulose, qui n’a aucune valeur nutritive, est une fibre végétale qui a été réduite en poudre et qui est tout à fait légale aux États-Unis. Bien qu’il semble bizarre qu’un produit de remplissage potentiellement fabriqué à partir de bois soit autorisé dans les aliments, cette substance n’a pas non plus été prouvée nocive par des études scientifiques concluantes.
Toutefois, il convient de noter que, l’homme n’ayant aucun moyen de la digérer, la cellulose peut provoquer divers problèmes digestifs, notamment des gaz et souvent un effet laxatif.
Selon plusieurs études indépendantes, des tests portant sur la pulpe de bois dans de nombreux fromages râpés achetés en grande distribution aux États-Unis ont révélé qu’un certain nombre de marques utilisent près de 9% de cellulose. Le jambon est un autre exemple du cheapflation.
À l’issue d’un test comparatif effectué par Test Achats, certains jambons vendus en supermarchés français ne mériteraient pas cette appellation. Plusieurs des produits testés contenaient tellement d’additifs et de « remplissage » qu’ils ne répondaient même pas à la définition du jambon cuit, selon l’association de défense du consommateur qui demande que les fabricants indiquent le pourcentage de viande sur l’étiquette. Selon Test-Achats, 8 des 34 produits testés ne renseignaient pas le pourcentage de viande.
Dix précisaient un pourcentage de viande inférieur à 95%, et un jambon n’en mentionnait qu’à peine 72%. Trois produits bon marché de l’échantillon ne répondaient pas, ou à peine, à la définition légale du jambon : ils contenaient trop d’eau et trop peu de protéines de viande. Il faudrait ainsi dire une pizza à base de jambon (ou au goût de jambon) et non une pizza au jambon par exemple.
Deux ingrédients suffisent pour fabriquer du jambon cuit, rappelle Test Achats : le haut de la cuisse du porc, et de la saumure. Mais l’association a constaté que les versions industrielles proposées par les supermarchés contiennent de nombreux d’autres éléments. Certains fabricants n’hésitent pas à ajouter des éléments de remplissage moins chers comme de l’eau, de l’amidon ou de la gélatine. Le jambon cuit préemballé contient souvent aussi toute une série d’additifs visant à améliorer la couleur, la texture et la conservation de la viande. Nitrate, nitrite et acide ascorbique (vitamine C), acides alimentaires, antioxydants, polyphosphates, épaississants ou arômes sont ainsi parfois présents.
Le côté sombre de la cheapflation
Le premier mot qui nous vient à l’esprit est bien évidemment la malbouffe, les produits utilisés pour remplacer la matière première « de premier choix » étant souvent peu digestes (la cellulose par exemple) ou plus gras. Selon une étude publiée par RAND, un organisme de recherche à but non lucratif, la nourriture moins chère pourrait être une cause majeure de l’épidémie d’obésité aux États-Unis (et dans le reste du monde).
Non seulement la nourriture est devenue moins chère, mais elle est aussi plus facile à acquérir et à préparer. Ce n’est pas seulement que nous mangeons plus d’aliments riches en calories, mais nous mangeons plus de tous les types d’aliments analyse l’étude.
Dans les années 30, les Américains consacraient un quart de leur revenu disponible à l’alimentation. Ce chiffre est tombé à un cinquième dans les années 1950 et représente actuellement moins d’un dixième du revenu disponible. L’inflation pourrait encore raboter ce chiffre. Certaines idées reçues sur les causes de l’obésité semblent être remises en question par ces nouvelles recherches.
Il s’agit notamment de théories telles que le fait que les Américains deviennent plus gros parce qu’il leur est plus difficile de se procurer des fruits et des légumes frais, que les taux d’exercice physique sont en baisse et que de nombreux Américains n’ont pas le temps de faire de l’exercice et de mieux manger. Cependant, l’étude de RAND a révélé que l’augmentation des taux d’obésité aux États-Unis coïncidait avec une augmentation de la disponibilité des fruits et légumes, ainsi qu’avec une augmentation du nombre de personnes faisant de l’exercice et disposant de plus de temps libre.
Le fait que les Américains disposent de la nourriture la moins chère de l’histoire en est probablement la raison de l’augmentation de l’obésité, selon les chercheurs. La nourriture bon marché présente le lien le plus fort avec l’obésité, selon les auteurs de l’étude. L’étude de RAND a également révélé que l’obésité est une menace croissante pour les Américains, où qu’ils soient, indépendamment de leur lieu de résidence ou de leur groupe social d’appartenance.
Selon les auteurs de l’étude, la réduction de l’apport calorique pourrait être un meilleur moyen de réduire les taux d’obésité que les tentatives visant à inciter les Américains à manger plus de fruits et de légumes et à faire plus d’exercice. Est-ce que cela veut cependant dire qu’il faut manger des produits chers pour ne pas être obèse ? Non, bien évidemment. Mais il est évident qu’il y a plus d’équilibre alimentaire dans une glace que dans un « dessert glacé » par exemple, ou dans un véritable fromage râpé ne contenant pas de cellulose.